J’ai traversé un désert et rencontré des visages magnifiques, un calendrier de portraits de femmes enfants, de regards d’ailleurs pétillants de vie, un kaléidoscope de couleurs, de parfums, d’exotisme.
Une jeune Touareg s’est arrêtée devant mon fusain encore vierge. Enveloppée dans son voile noir aux reflets violine, ses yeux de jais soulignés de khôl, son sourire énigmatique m’a fasciné.
J’ai caressé son visage aux traits délicats avec la pointe de mes pinceaux. J’ai crée des arabesques dans son foulard qui cachait à peine ses cheveux. J’ai ombré ses joues en transparence, exagéré ses lèvres pulpeuses et lui ai soudain donné la vie. Elle m’est apparue majestueuse et a ouvert le chemin de ce qui allait devenir mon voyage extraordinaire.
Qui es-tu, jeune nomade aux yeux de braise ? Serais-tu la digne descendante de Tin-Hinan, ancêtre fondatrice de la tribu ?
D’où viens-tu ? ton pays est si vaste ! Du Maghreb à l’Afrique noire, il traverse le Sahara et s’appuie sur des îlots montagneux. Ta peau est claire. Elle pourrait être noire. Tu pourrais vivre dans des tentes habillées de peaux ou bien de nattes végétales. Mais tu ne parles qu’une seule langue « kel tamasheq ».Tu aimes peut-être un homme couvert du « tagelmust », ce voile si particulier qui protège du vent mais surtout des génies malfaisants.
Tu me souris et me souriras toujours et je ne pourrais jamais percer le secret de la fraîcheur que je t’ai donnée. C’est ce qui fait toute ta richesse, c’est ce qui fait toute ma richesse, avoir pu saisir ton regard pour un instant d’éternité.