Je suis sur un marché haut en couleurs et riches en langues douces et variées, l’espagnol, le quiché, le cakchiquel et bien d’autres encore. Je me promène parmi les étalages de tissus brodés, étonnée de cette culture à deux visages, ce contraste entre modernisme et coutumes des descendants des mayas.
Je suis au Guatemala, pays qui a vécu 36 ans de guerre civile.
Et soudain, j’aperçois un regard et un sourire flamboyants. Qui es-tu, petite fille à l’allure coquine et décidée ? Serais-tu fille de Rigoberta Menchu, symbole de la paix, de retour au pays pour y voir reconnaître un jour les droits économiques, politiques et culturels de la majorité indienne. Tu n’as sans doute pas connu la guérilla qui fit face à un pouvoir répressif détenu par les militaires. Peut-être portes-tu dans ton cœur les stigmates de disparus, de morts, d’exil…
Mais rien ne transparaît dans ton regard . Je l’ai voulu plus mûr. J’ai accentué les contours de ton visage, exagéré la couleur de tes vêtements, amplifié les orangers de la toile pour qu’ils donnent une note d’espoir à tous les opprimés de la terre.